35

Dans l’immédiat, je ne voyais rien de plus intelligent à faire que de rentrer à la maison, voir si Cynthia ou quiconque avait appelé. Si elle voulait me contacter et ne parvenait pas à me joindre sur le fixe, sans doute essaierait-elle mon portable, mais j’éprouvais un besoin un peu désespéré de vérifier.

Vince Fleming renvoya ses hommes de main avec le tout-terrain, et offrit de me reconduire à ma voiture dans la sienne, laquelle se révéla être un pick-up Dodge Ram d’aspect agressif. Notre maison ne se trouvait pas très loin de la route qui menait à son garage, et où j’avais laissé ma voiture avant de marcher jusqu’à la baraque à beignets et d’être ensuite kidnappé. Je demandai à Vince si cela ne le dérangeait pas d’y faire un détour rapide, afin que je puisse vérifier si, par hasard, Cynthia était rentrée ou avait laissé un message.

– Pas de problème, répondit-il alors que nous grimpions dans son engin, garé le long du trottoir d’East Broadway.

– Depuis que je vis à Milford, j’ai toujours rêvé d’avoir une maison par ici.

– J’ai toujours vécu dans le coin, dit Vince. Et vous ?

– Non, je n’ai pas grandi ici.

– Quand on était gosses, à marée basse, on allait parfois à Charles Island à pied. Mais après, il fallait se grouiller pour rentrer avant que la marée remonte. C’était marrant comme tout.

Mon nouvel ami m’angoissait un peu. Vince était, pour parler franchement, un gangster. Il dirigeait une organisation criminelle. Je n’avais aucune idée de la taille de celle-ci. Mais elle était sans nul doute assez importante pour que l’effectif comporte trois gars prêts en permanence à embarquer dans la rue quiconque rendait Vince nerveux.

Et si Jane Scavullo n’était pas entrée ? Et si elle n’avait pas persuadé Vince que j’étais un type inoffensif ? Et si Vince avait continué à penser que je représentais une menace pour lui ? Comment les choses auraient-elles tourné ?

Comme un imbécile, je décidai de poser la question.

– Imaginons que Jane ne soit pas passée, tout à l’heure, qu’est-ce qui me serait arrivé ?

La main droite sur le volant, le bras gauche sur la vitre baissée, Vince me décocha un regard en coin.

– Vous tenez vraiment à le savoir ?

Je laissai tomber. Mon esprit prenait déjà une autre direction, et je m’interrogeai sur la motivation de Vince. M’aidait-il parce que Jane le voulait, ou se préoccupait-il vraiment de Cynthia ? Un peu des deux ? Ou bien avait-il décidé que faire ce que Jane lui demandait était un bon moyen pour garder l’œil sur moi ?

Son récit de ce qu’il avait vu devant la maison de Cynthia, ce fameux soir, était-il véridique ? Sinon, quel intérêt aurait-il eu à me raconter ça ?

J’inclinais à le croire.

Après avoir dirigé Vince vers notre rue, je lui désignai la maison, un peu plus loin. Mais il continua de rouler, sans même ralentir. Et dépassa notre maison.

Oh, non. Je m’étais fait avoir. J’avais bientôt rendez-vous avec un broyeur à bois.

– Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que vous faites ?

– Il y a des flics devant chez vous, expliqua Vince. Une voiture banalisée.

Dans le rétroviseur surdimensionné accroché côté conducteur, j’aperçus le véhicule garé en face de notre maison qui disparaissait à l’arrière-plan.

– C’est sans doute Wedmore.

– On va faire le tour du pâté de maisons et entrer par-derrière, annonça Vince, comme s’il faisait ça tout le temps.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le pick-up fut garé une rue plus loin, et nous traversâmes le jardin après nous être glissés entre deux maisons.

Une fois chez moi, je me mis en quête d’une trace du retour de Cynthia, un mot, n’importe quoi.

Rien.

Vince visitait le rez-de-chaussée, examinait les photos sur les murs, nos livres sur les étagères. Repérait les lieux, songeai-je. Ses yeux se posèrent sur les cartons à souvenirs.

– C’est quoi, ce bazar ? demanda-t-il.

– Des objets appartenant à Cynthia. Ça vient de sa maison, quand elle était gosse. Elle les regarde tout le temps, dans l’espoir qu’il en sorte un secret quelconque. J’ai fait à peu près la même chose aujourd’hui, après son départ.

Vince s’installa sur le canapé, et entreprit de farfouiller dans les boîtes.

– Moi, je vois surtout un tas de trucs inutiles.

– À vrai dire, c’est exactement ce que ç’a été jusqu’ici.

Je fis une tentative pour joindre Cynthia sur son portable, au cas où il serait allumé. J’allais raccrocher après la quatrième sonnerie, lorsque je l’entendis :

– Allô ?

– Cyn ?

– Salut, Terry.

– Seigneur, vous allez bien ? Où êtes-vous ?

– On va bien, Terry.

– Chérie, rentre à la maison. Je t’en prie.

– Je ne sais pas, répliqua-t-elle.

On discernait un fond sonore très fort, une sorte de vrombissement.

– Où êtes-vous ?

– Dans la voiture.

– Coucou, papa ! cria Grace afin d’être entendue depuis le siège passager.

– Salut, Grace.

– Papa te dit bonjour, répéta Cynthia.

– Vous rentrez quand ? repris-je.

– Je te dis que je n’en sais rien, Terry. Il me faut un peu de temps. Je l’ai écrit dans ma lettre.

Elle ne voulait pas revenir là-dessus, en tout cas pas devant Grace.

– Je me fais du souci, et puis vous me manquez.

– Dites-lui bonjour, me cria Vince depuis le salon.

– Qui est-ce ? demanda Cynthia.

– Vince Fleming.

– Hein ?

– Attention, ne sors pas de la route.

– Qu’est-ce qu’il fait là ?

– Je suis allé le voir. J’ai eu l’idée saugrenue que tu aurais pu lui rendre visite.

– Oh, mon Dieu, s’exclama Cynthia. Dis-lui… Dis-lui bonjour de ma part.

Je transmis son salut à Vince, qui se contenta de répondre d’un grognement, tout occupé qu’il était à fourrager dans les boîtes à chaussures.

– Mais il est chez nous ? reprit-elle. En ce moment ?

– Oui. Il me ramenait à ma voiture. C’est un peu long à expliquer. Je te raconterai quand tu rentreras. Et puis…, ajoutai-je après une courte hésitation, il m’a dit certaines choses, à propos de ce soir-là, dont il n’a jamais parlé à personne.

– Quel genre de choses ?

– Qu’il vous avait suivis, quand ton père et toi êtes rentrés, qu’il était resté devant chez vous dans sa voiture un bon moment, attendant une occasion de frapper à la porte pour voir comment tu allais, et qu’il a vu Todd et ta mère partir, et, plus tard, ton père. Super-pressé. Et qu’une autre voiture a stationné aussi un moment devant la maison, avant de suivre la Ford de ta mère.

Seul le bruit de la route me parvenait dans le combiné.

– Cynthia ?

– Je suis là. Je ne comprends pas ce que ça signifie.

– Moi non plus.

– Terry, il y a de la circulation et je dois prendre une sortie. J’éteins le portable. J’ai oublié d’apporter un chargeur et il ne reste plus beaucoup de batterie.

– Reviens vite, Cyn. Je t’aime.

– Au revoir, dit-elle avant de raccrocher.

Je fis de même et revins dans le salon.

Vince Fleming me tendit une coupure de journal, celle où figurait Todd au milieu  de ses coéquipiers de basket.

– On dirait Todd là-dessus, remarqua-t-il. Je me souviens de lui.

Je hochai la tête sans prendre la coupure. Je l’avais déjà vue cent fois.

– Oui. Vous aviez des cours en commun, ou quoi ?

– Un seul, il me semble. N’empêche que cette photo, c’est n’importe quoi.

– Comment ça ?

– Je reconnais personne d’autre. Il n’y a aucun gars de notre bahut.

Je saisis le morceau de journal, bien que cela ne serve à rien. N’étant pas allé au lycée avec Todd et Cynthia, je ne connaissais aucun de leurs condisciples. Pour autant que je le sache, Cynthia n’avait jamais prêté grande attention à ce cliché. J’y jetai un coup d’œil rapide.

– En plus, le nom est faux, ajouta Vince en désignant sous la photo la légende qui énumérait le nom des joueurs de gauche à droite, rangée après rangée.

Je haussai les épaules.

– El après ? Les journaux se trompent parfois.

Néanmoins, je jetai un coup d’œil sur la légende. Chaque nom de famille était précédé d’une initiale. Todd était le deuxième en partant de la gauche, dans la rangée du milieu. Je parcourus la liste, lus le nom figurant à la place du sien.

Il s’agissait de J. Sloan.

Durant quelques secondes, je fixai l’initiale et le nom qui suivait.

– Vince, le nom de J. Sloan vous dit quelque chose ?

– Non, répondit-il en hochant la tête.

Je m’assurai de nouveau que ce nom correspondait au deuxième garçon debout à gauche dans la rangée du milieu.

– Bordel de merde !

Vince me dévisagea.

– Si vous me mettiez au parfum ?

– J. Sloan, répétai-je. Jeremy Sloan.

– Je ne vous suis toujours pas, riposta Vince.

– L’homme du centre commercial. C’est le nom de l’homme que Cynthia avait pris pour son frère.

– De quoi vous parlez ? demanda Vince.

– Il y a quinze jours, Cynthia, Grace et moi étions au Post Mail, et tout à coup Cynthia voit ce type, convaincue qu’il s’agit de Todd. Selon elle, il avait la tête qu’aurait probablement Todd adulte, avec vingt-cinq ans de plus.

– Et comment vous avez su son nom ?

– Cynthia l’a suivi jusqu’au parking. Elle l’a hélé, en l’appelant Todd, et comme il ne répondait pas, elle est carrément allée vers lui, disant qu’elle était sa sœur, qu’elle savait qu’il était son frère.

– Nom de Dieu, souffla Vince.

– C’était un véritable cauchemar. Le gars a nié haut et fort être son frère, il la prenait visiblement pour une folle, et de fait, elle se comportait comme une folle. Alors j’ai pris le type à part, me suis excusé, et puis je lui ai expliqué que s’il montrait son permis de conduire à Cynthia, s’il lui prouvait qu’il n’était pas celui qu’elle croyait, elle lui ficherait peut-être la paix.

– Et il l’a fait ?

– Oui. J’ai vu le permis. État de New York. Son nom était Jeremy Sloan.

Vince me reprit la coupure de journal, regarda le nom qui accompagnait la photo de Todd Bigge.

– Vachement bizarre, non ?

– Je n’y comprends rien, admis-je. Ça n’a aucun sens. Pourquoi cette photo de Todd figure-t-elle sur une vieille coupure de presse avec un nom différent ?

Vince garda un instant le silence.

– Ce mec, demanda-t-il enfin, celui du centre commercial, il a dit quelque chose ?

Je réfléchis intensément.

– Il a dit que ma femme avait besoin d’aide. C’est à peu près tout.

– Et le permis ? Vous vous le rappelez ?

– Juste qu’il était de l’État de New York.

– Sacrément vaste, comme État, remarqua Vince. Il peut aussi bien habiter du côté de la frontière, à Port Chester ou White Plains ou je ne sais où, que venir de Buffalo.

– Il me semble que c’était Young quelque chose.

– Young quelque chose ?

– Je n’en suis pas sûr. Je n’ai vu ce permis que deux secondes.

– Il y a un Youngstown dans l’Ohio, avança Vince. Vous êtes certain que c’était pas un permis de l’Ohio ?

– Quasiment.

Vince retourna le morceau de journal. Il y avait du texte au dos, mais la coupure avait bien été conservée pour la photo. Au verso, les ciseaux étaient passés au milieu d’une colonne et avaient coupé la moitié d’un titre.

– Non, il ne l’a pas gardé pour ça, objectai-je.

Vince lisait des petits bouts d’articles. Puis il releva les yeux vers moi.

– Vous avez un ordinateur ?

Je fis signe que oui.

– Alors, allumez-le.

Il me suivit à l’étage, se tint derrière moi tandis que je m’asseyais et lançais l’ordinateur.

– Il y a là-dessus des bribes d’un article qui mentionne Falkner Park et Niagara County. Balancez ça sur Google.

Je lui demandai de m’épeler Falkner et tapai les mots avant de cliquer sur « recherche ». Le résultat ne se fit pas attendre.

– Il y a un parc Falkner à Youngstown, État de New York, dans le comté de Niagara, lus-je à haute voix.

– Bingo. Alors, ç’a sûrement été découpé dans un journal de ce coin, parce que c’est un article sur l’entretien du parc.

Je lis tourner mon siège pour le regarder en face.

– Pourquoi Todd est-il en photo dans un journal de Youngstown, New York, avec une équipe de basket d’une autre école, et sous le nom de J. Sloan ?

Vince s’adossa au chambranle de la porte.

– C’est peut-être pas une erreur.

– Qu’est-ce que vous voulez dire ?

– C’est peut-être pas une photo de Todd Bigge. C’est peut-être une photo de J. Sloan.

Je pris le temps de digérer sa suggestion.

– Vous pensez quoi ? Qu’il y a deux personnes, une qui s’appelle Todd Bigge et l’autre J. Sloan – Jeremy Sloan –, ou bien qu’il s’agit d’une personne avec une double identité ?

– Doucement, rétorqua Vince. Je suis là parce que Jane me l’a demandé, c’est tout.

Me retournant vers l’ordinateur, j’ouvris le site de l’annuaire téléphonique des Pages blanches, et y entrai Jeremy Sloan à Youngstown, État de New York.

La recherche ne donna aucun abonné de ce nom, mais suggéra d’essayer des options, comme

J. Sloan, ou le nom seul. Je tentai le coup, et une poignée de Sloan dans la région de Youngstown s’affichèrent sur l’écran.

– Bon sang, m’écriai-je en le désignant à Vince. Un Clayton Sloan est répertorié sur Niagara View Drive.

– Clayton ?

– Parfaitement, Clayton.

– C’était le prénom du père de Cynthia, remarqua Vince.

– Ouais.

Je pris un stylo et notai le numéro de téléphone.

– Je vais lui passer un coup de fil.

– Ça va pas la tête, non ? protesta Vince.

– Qu’est-ce qui vous prend ?

– Écoutez, on ne sait pas ce que vous avez découvert, ni même si vous avez découvert quelque chose. Et qu’est-ce que vous comptez lui dire ? Et sur ce téléphone, en plus ? Si leur poste est équipé, ces gens sauront rapidement qui appelle, et vous ne voulez pas dévoiler votre jeu, n’est-ce pas ?

Où Vince voulait-il en venir, bon sang ? Se montrait-il de bon conseil, ou avait-il une raison de ne pas vouloir que j’appelle ? Cherchait-il à m’empêcher de relier les indices parce que…

Il me tendit son propre portable.

– Tenez, utilisez celui-ci. Comme ça ils ne sauront pas d’où provient l’appel.

Je pris le téléphone de Vince et, après une grande inspiration, composai le numéro affiché sur l’écran. Puis j’attendis, l’appareil collé à l’oreille.

Une sonnerie. Deux sonneries. Trois sonneries. Quatre sonneries.

– Il n’y a personne.

– Attendez encore un peu, suggéra Vince.

Passé la huitième sonnerie, je m’apprêtais à laisser tomber, lorsque j’entendis une voix.

– Allô ?

C’était une voix de femme. Assez âgée, me semblait-il. Au moins soixante ans.

– Ah, bonjour, répondis-je. J’allais raccrocher.

– Je peux vous aider ?

– Est-ce que Jeremy est là ?

Tout en posant la question, je songeai : Et si c’est le cas, que vais-je lui dire ? Que diable vais-je lui demander ? Ne vaudrait-il pas mieux raccrocher ? Apprendre s’il est là, confirmer son existence, puis couper la communication.

– Non, il est absent, répondit la femme. Qui le demande ?

– Oh, ça ne fait rien. Je peux rappeler plus tard.

– Il ne sera pas là non plus.

– Ah. Vous savez quand je pourrai le joindre ?

– Il n’est pas en ville, expliqua la femme. Je ne peux pas dire à coup sûr quand il rentrera.

– Ah oui, c’est vrai. Il m’a parlé d’un déplacement dans le Connecticut.

– Ah bon ?

– Il me semble, oui.

– Vous êtes sûr ? insista la femme d’un ton assez inquiet.

– Je peux me tromper. Écoutez, j’essaierai de le joindre plus tard, ce n’est pas très important. C’est juste pour le golf.

– Le golf ? Mais Jeremy ne joue pas au golf. Qui est à l’appareil ? Dites-moi qui vous êtes.

La conversation dérapait déjà. Vince, qui s’était penché sur moi pour suivre l’échange, passa le doigt sur sa gorge et articula silencieusement le mot « coupez ». J’obéis sans ajouter un mot en refermant l’appareil, que je rendis à Vince.

– On dirait que vous êtes tombé juste, commenta-t-il. Mais vous auriez pu la jouer un peu plus fine, quand même.

Ignorant sa critique, je conclus :

– Donc, le Jeremy Sloan que Cynthia a repéré au centre commercial est très probablement le Jeremy Sloan qui vit à Youngstown, État de New York, dans une maison dont le téléphone est au nom de Clayton Sloan. Et le père de Cynthia gardait dans son tiroir une coupure de journal avec la photo de Jeremy parmi les autres joueurs de son équipe de basket.

Aucun de nous deux ne dit quoi que ce soit pendant un moment. Nous nous efforcions de comprendre. Je repris la parole le premier :

– Je vais appeler Cynthia. La mettre au courant.

Et je redescendis à toute allure composer son numéro sur le poste de la cuisine. Mais comme elle me l’avait annoncé, son portable était éteint.

– Merde, grognai-je, tandis que Vince me rejoignait. Vous avez une idée ?

– Eh bien, d’après cette femme, qui doit être sa mère, ce Sloan n’est pas à Youngstown. Donc il est peut-être encore dans les environs de Milford. Et à moins d’avoir des amis ou de la famille par ici, il doit loger dans un hôtel ou un motel du coin.

Après avoir ressorti son téléphone de sa poche, Vince fit défiler sa liste de contacts, puis pressa le bouton d’appel.

– C’est moi. Ouais, il est toujours avec moi. J’ai un truc à te demander.

Et il ordonna à son interlocuteur, quel qu’il fût, de rameuter deux autres gars – je supposais que l’équipe se composait des deux types qui m’avaient enlevé et du chauffeur, ceux que Jane appelait les trois gorilles – et d’aller faire le tour des hôtels de la ville.

– Non, je sais pas combien il y en a, répliqua-t-il dans le combiné. Mais tu vas les compter pour moi, hein ? Je veux que vous trouviez si un type appelé Jeremy Sloan, de Youngstown, New York, a pris une chambre dans l’un d’eux. Et si vous le trouvez, prévenez-moi. Ne faites rien, d’accord ? Commencez peut-être par le Howard Johnson’s, le Red Roof, le Super 8, n’importe. Et putain, c’est quoi ce bruit atroce que j’entends derrière ? Hein ? Qui écoute les Carpenters, bordel de merde ?

Une fois les instructions transmises et Vince certain qu’elles avaient été bien comprises, il remit son téléphone dans sa veste.

– Si ce Sloan est en ville, ils le trouveront.

J’ouvris le frigo, proposai une canette de Coors à Vince, qui l’accepta. J’en pris une moi-même, et nous nous assîmes de part et d’autre de la table.

– Vous avez une petite idée de ce qui se passe ? demanda-t-il.

Je bus une gorgée de bière avant de répondre.

– Je crois que je commence à en avoir une. La femme qui a décroché est sans doute la mère de Jeremy Sloan. Et si ce Jeremy est vraiment le frère de ma femme…

– Eh bien ?

– Je viens de parler à la mère de Cynthia.

Mais si la mère et le frère de Cynthia étaient vivants, comment expliquer les résultats des tests ADN effectués sur les corps retrouvés dans la voiture repêchée au fond de la carrière ? Sauf que pour le moment, bien sûr, Wedmore avait seulement pu nous confirmer le lien de parenté des deux occupants de la voiture, pas qu’il s’agissait effectivement de Todd et Patricia Bigge. Nous attendions des résultats complémentaires pour savoir s’il existait un lien génétique entre eux et Cynthia.

J’essayais de faire le ménage dans cet amas hétéroclite d’éléments sans queue ni tête lorsque je me rendis compte que Vince parlait.

– J’espère que mes gars ne le tueront pas après l’avoir trouvé, disait-il en buvant une nouvelle gorgée. C’est bien leur genre.

Cette Nuit-Là
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